La vérification de l’authenticité d’une signature sur une œuvre d’art est une étape cruciale pour confirmer sa provenance et sa valeur. C'est une démarche délicate qui peut impliquer à la fois des experts en art, des technologies scientifiques, et une analyse documentaire rigoureuse. Voici une méthode détaillée sur la façon de procéder à cette vérification.
La première étape est de comparer la signature présente sur l'œuvre avec celles d'autres œuvres déjà authentifiées de l'artiste :
Forme et style : Il s’agit d’analyser la forme des lettres, l’inclinaison de l’écriture, la taille des caractères, et même la manière dont le stylo ou le pinceau a été utilisé. Certains artistes signent toujours de la même manière, tandis que d'autres peuvent avoir changé leur signature au cours de leur carrière.
Position et emplacement : De nombreux artistes ont des habitudes spécifiques concernant l’endroit où ils signent leurs œuvres (en bas à gauche, en bas à droite, au dos, etc.). Une signature placée à un endroit inhabituel pourrait être un indice d’alerte.
Écriture manuscrite vs. monogramme : Certains artistes utilisent des signatures manuscrites complètes, d'autres des monogrammes ou des abréviations, certains les deux. L’analyse stylistique doit tenir compte de ces variations.
Il est aussi crucial de comprendre comment la signature a été appliquée à l'œuvre :
Médium utilisé : L'artiste a-t-il utilisé la même technique et les mêmes matériaux pour la signature que pour l’œuvre elle-même ? Par exemple, une signature peinte sur une œuvre réalisée au fusain pourrait soulever des doutes.
Cohérence des matériaux : L’âge des matériaux utilisés pour la signature doit correspondre à celui de l’œuvre. Une peinture à l’huile ancienne ne devrait pas comporter une signature réalisée à l’aide de feutres ou d’encres modernes, par exemple.
Pour les artistes ayant eu une longue carrière, il est possible que la signature ait évolué. Il est donc important de savoir comment l’artiste signait à différentes périodes :
Périodes de création : Certains artistes changent de style ou de manière de signer au cours de leur carrière. Par exemple, la signature d’un jeune Picasso diffère de celle qu’il apposait sur ses œuvres plus tardives. Une signature trop "moderne" sur une œuvre supposée ancienne pourrait indiquer une contrefaçon.
Un élément essentiel de la vérification de la signature est l’étude de la provenance et de l'historique de l’œuvre :
Certificats d’authenticité : Si l’œuvre est accompagnée d’un certificat d’authenticité délivré par une galerie, un expert ou une fondation reconnue, cela apporte un gage supplémentaire de crédibilité.
Factures et ventes passées : La présence d’anciens contrats, de factures d’achat ou de catalogues d’exposition documentant la signature renforce l’authenticité de l’œuvre.
Catalogues raisonnés : Si l’œuvre est mentionnée dans le catalogue raisonné de l’artiste (ouvrage répertoriant toutes ses œuvres connues), cela confirme souvent l'authenticité de la signature. Ce document sert de référence ultime pour valider la légitimité d'une œuvre.
Il est souvent nécessaire de consulter des experts ou des fondations spécialisés dans l’œuvre de l’artiste. Ces institutions ou professionnels peuvent vérifier si la signature est conforme à d'autres œuvres authentifiées.
Avis d'experts indépendants : Les experts en art, souvent spécialisés dans une période ou un artiste en particulier, peuvent donner leur avis sur la crédibilité d'une signature en s'appuyant sur leur connaissance intime des pratiques de l’artiste.
Fondations d'artistes : Certaines fondations gèrent les archives et les œuvres d'artistes décédés. Elles peuvent confirmer ou rejeter une signature sur la base de documents d’archives.
3. Expertise Scientifique et Techniques de Laboratoire
La science joue un rôle de plus en plus important dans la vérification de l'authenticité des signatures. Des techniques non invasives permettent d'examiner la signature sans endommager l'œuvre :
Datation des matériaux : En analysant les pigments, les encres ou la peinture utilisés pour la signature, on peut déterminer leur période de fabrication. Si les matériaux sont postérieurs à la période de création supposée de l'œuvre, cela pourrait signaler une falsification.
Analyse chimique : Des technologies comme la spectroscopie Raman ou la fluorescence X peuvent être utilisées pour identifier les composants chimiques des matériaux utilisés dans la signature, permettant ainsi de détecter des anachronismes.
Ces techniques permettent d’examiner la structure sous-jacente de la signature et de la peinture :
Infrarouge : L'imagerie infrarouge peut révéler des modifications ou des couches sous-jacentes sous la signature, ce qui pourrait indiquer qu'elle a été ajoutée plus tard. Un faux peut également montrer des retouches sous la signature, ou des incohérences dans l'application.
Radiographie aux rayons X : Cette technique permet de voir à travers plusieurs couches de peinture et de détecter des différences de composition matérielle entre l’œuvre et la signature. Elle peut également révéler si une signature a été repeinte ou altérée.
L'examen microscopique est utilisé pour étudier de près la surface de l’œuvre et de la signature :
Inspection des traits : L’analyse des coups de pinceau ou de plume peut révéler la main de l’artiste, ou au contraire montrer des signes de copie mécanique (comme les tremblements ou les irrégularités dans les traits).
Analyse de l’usure et du vieillissement : La patine naturelle de l’œuvre (craquelures, décoloration) doit correspondre à celle de la signature. Une signature plus « fraîche » ou une absence de vieillissement pourrait signaler qu’elle a été apposée ultérieurement.
L'authentification d'une signature peut nécessiter l'expertise de plusieurs types de spécialistes :
Historiens d’art : Ils ont une connaissance approfondie de l’œuvre d’un artiste spécifique et peuvent offrir des avis qualifiés.
Graphologues : Dans certains cas, des spécialistes en écriture peuvent être consultés pour analyser les caractéristiques graphiques de la signature (courbes, pression, rythme de l’écriture, etc.).
Experts en laboratoires scientifiques : Pour des œuvres d’art particulièrement précieuses ou suspectes, il est conseillé de faire appel à des instituts de recherche spécialisés, capables de mener des analyses chimiques et physiques poussées.
Il est essentiel de travailler avec des experts certifiés et reconnus dans le domaine de l'art. Voici quelques pistes pour trouver des experts fiables :
Associations d'experts : Des organisations comme l'Institut International pour la Conservation des Œuvres d’Art (IIC), l’International Foundation for Art Research (IFAR), ou la Confédération Internationale des Négociants en Œuvres d’Art (CINOA) proposent des annuaires d'experts reconnus.
Maisons de vente aux enchères : De grandes maisons comme Sotheby’s, Christie’s ou Artcurial disposent de départements spécialisés capables de certifier les signatures et l’authenticité des œuvres mises en vente.
En conclusion, vérifier l'authenticité d'une signature sur une œuvre d'art nécessite une approche rigoureuse et définitivement pluridisciplinaire. Entre l’analyse visuelle et stylistique, la consultation d'experts et l’utilisation de techniques scientifiques, chaque étape contribue à garantir que la signature est bien celle de l'artiste. En combinant la documentation historique et les analyses techniques, ce processus permet d’éviter les falsifications et d'assurer la valeur d'une œuvre sur le marché de l'art.